Comment adapter son alimentation pour le DAAT ? (Déficit en Alpha-1 Antitrypsine)

Le déficit en alpha-1 antitrypsine (DAAT) est une maladie génétique héréditaire rare qui affecte principalement les poumons et le foie. Cette pathologie se caractérise par un taux sanguin anormalement bas de la protéine alpha-1 antitrypsine (AAT), essentielle à la protection des tissus pulmonaires contre les enzymes protéases.

Pour les personnes atteintes de DAAT, l’adaptation de leur alimentation joue un rôle important dans la gestion de la maladie et l’amélioration de la qualité de vie. Cet article explore en détail comment optimiser son régime alimentaire lorsqu’on est atteint de DAAT, en tenant compte des besoins nutritionnels spécifiques, des choix alimentaires quotidiens et de l’importance de l’activité physique.

Nous examinerons les besoins énergétiques particuliers, les apports en protéines, lipides, glucides, vitamines et minéraux, ainsi que les stratégies pratiques pour adapter son alimentation au quotidien. Enfin, nous aborderons le rôle essentiel du sport dans la prise en charge globale de cette maladie rare.

Qu’est-ce que le DAAT ?

Le déficit en alpha-1 antitrypsine (DAAT) est une maladie génétique héréditaire rare causée par une mutation du gène SERPINA1. Cette pathologie affecte principalement les poumons et le foie, entraînant un risque accru de développer des maladies pulmonaires et hépatiques chroniques.

Le DAAT se caractérise par une production insuffisante ou anormale de la protéine AAT dans le foie. Cette protéine joue un rôle crucial dans la protection des tissus pulmonaires contre les enzymes inflammatoires. En cas de déficit, les poumons deviennent plus sensibles aux dommages causés par ces enzymes, augmentant ainsi le risque de développer un emphysème pulmonaire. Les patients souffrant de DAAT présentent généralement un taux sanguin de protéine AAT inférieur à la normale. Cette insuffisance peut se manifester dès la petite enfance ou à l’âge adulte, avec des symptômes variables selon la sévérité du déficit.

Manifestations pulmonaires

Les principales manifestations pulmonaires du DAAT incluent :

  • Emphysème pulmonaire
  • Insuffisance respiratoire
  • Respiration sifflante
  • Essoufflement
  • Toux chronique

Ces symptômes peuvent s’aggraver avec l’exposition à des facteurs environnementaux tels que la fumée de tabac, les polluants atmosphériques et les infections respiratoires.

Atteintes hépatiques

Le DAAT peut également entraîner des complications hépatiques, notamment :

  • Maladie hépatique chronique
  • Cirrhose
  • Jaunisse chez les nouveau-nés

Quels sont les besoins nutritionnels spécifiques des personnes atteintes de DAAT ?

Dans un premier temps, on peut noter que les personnes souffrant de DAAT ont généralement des besoins énergétiques accrus en raison de l’augmentation du travail respiratoire. Il est recommandé d’augmenter l’apport calorique de 20 à 30% par rapport aux besoins normaux. Cela peut représenter un apport quotidien d’environ 40 kcal/kg de poids corporel idéal.

Besoins en protéines

Un apport protéique adéquat est essentiel pour maintenir la masse musculaire et soutenir le système immunitaire. Les recommandations suggèrent un apport de 1,2 à 1,5 g(1) de protéines par kg de poids corporel par jour (on peut même monter à 2,2 g/jour/kg de poids de corps pour les individus ayant une forte activité sportive). Il n’y a pas de contre-indication à une supplémentation protéique, avec de la whey par exemple, surtout pour les patients pratiquant une activité physique régulière, tant qu’il n’y a aucune atteinte hépatique sous-jacente liée à la maladie.

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Besoins en lipides

Contrairement aux recommandations pour la population générale, les personnes atteintes de DAAT ont besoin d’un apport plus élevé en graisses saines. Un régime riche en acides gras oméga-3 peut aider à réduire l’inflammation et améliorer la fonction pulmonaire. L’apport recommandé en lipides est d’environ 40 % de l’apport énergétique total.

Besoins en glucides

Les glucides devraient représenter une part moins importante de l’alimentation des personnes atteintes de DAAT par rapport à la population générale, surtout en termes de glucides simples (sucre) à IG haut. Un apport en glucides d’environ 40 à 45 % de l’apport énergétique total est généralement recommandé, en privilégiant les glucides complexes à faible index glycémique.

Besoins en vitamines et minéraux

Les patients souffrant de DAAT ont des besoins accrus en certains micronutriments :

  • Vitamine D : essentielle pour la santé osseuse et le système immunitaire
  • Vitamine C : antioxydant puissant qui soutient le système immunitaire
  • Vitamine E : protège les cellules contre le stress oxydatif
  • Zinc : soutient le système immunitaire et la cicatrisation
  • Sélénium : antioxydant important pour la santé pulmonaire
  • Magnésium : impliqué dans les fonctions musculaire et respiratoire

Il est important de noter que ces recommandations sont générales et que chaque patient atteint de DAAT devrait consulter un médecin ou un nutritionniste spécialisé pour obtenir un plan alimentaire personnalisé en fonction de sa condition spécifique, de l’évolution de sa maladie et de ses complications éventuelles.

Comment adapter son alimentation quotidienne avec un DAAT ?

L’adaptation de l’alimentation quotidienne est primordiale pour les personnes atteintes de déficit en alpha-1 antitrypsine (DAAT). Une approche nutritionnelle adaptée peut contribuer à ralentir l’évolution de la maladie pulmonaire et améliorer la qualité de vie des patients.

Pour optimiser la prise alimentaire, il est recommandé de fractionner les repas tout au long de la journée. Cette stratégie permet de réduire l’essoufflement lié à la digestion de gros repas, de maintenir des niveaux d’énergie stables et de faciliter l’absorption des nutriments. Un schéma type pourrait inclure trois repas principaux et deux à trois collations, répartis de manière équilibrée sur la journée.

Le choix des aliments joue un rôle important dans la prise en charge nutritionnelle du DAAT. Il est conseillé de consommer une grande variété de fruits et légumes colorés, riches en antioxydants, qui peuvent aider à protéger les alvéoles pulmonaires contre les dommages oxydatifs. Les sources de protéines maigres comme le poisson, la volaille, les légumineuses et les produits laitiers faibles en gras sont à privilégier. L’inclusion de graisses saines, notamment des sources d’acides gras oméga-3 comme les poissons gras, les noix et les graines, peut aider à réduire l’inflammation. Les glucides complexes, tels que les céréales complètes et les féculents à faible index glycémique, sont préférables pour maintenir des niveaux d’énergie stables. 

Il est important de noter que la consommation d’alcool doit être évitée ou limitée, car elle peut interagir avec certains médicaments et aggraver les troubles hépatiques associés au DAAT. 

Les méthodes de cuisson peuvent également influencer la digestibilité et la valeur nutritionnelle des aliments. Il est recommandé de privilégier les cuissons douces comme la vapeur, le pochage ou la cuisson à basse température, tout en évitant les fritures et les grillades qui peuvent produire des composés nocifs pour les poumons. 

L’hydratation joue un rôle essentiel dans la gestion du DAAT. Une consommation adéquate d’eau, d’au moins 1,5 à 2 litres par jour, aide à fluidifier les sécrétions bronchiques, maintenir une bonne fonction pulmonaire et faciliter l’élimination des toxines. Cet apport doit être augmenté en cas d’exercice physique ou de forte chaleur.

Il est nécessaire de souligner que l’exposition à la fumée de tabac et aux polluants extérieurs peut aggraver les symptômes du DAAT. Les patients doivent donc éviter le tabagisme actif et passif, ainsi que les environnements pollués, pour préserver leur santé pulmonaire.

Et le sport dans tout ça ?

L’exercice peut améliorer la fonction pulmonaire en maintenant, voire en augmentant le volume pulmonaire, ce qui peut ralentir l’évolution de l’emphysème souvent associé au DAAT. De plus, l’activité physique renforce les muscles respiratoires, facilitant la respiration et réduisant l’essoufflement. Elle peut également augmenter l’endurance générale et renforcer le système immunitaire, réduisant ainsi le risque d’infections respiratoires auxquelles les patients DAAT sont plus exposés.

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Recommandations et précautions

Avant de commencer un programme d’exercices, il est essentiel que le patient consulte un médecin spécialisé. Des tests de fonction pulmonaire peuvent être nécessaires pour mesurer la capacité respiratoire et déterminer la forme et la sévérité de la maladie.

Les activités d’endurance à faible impact, comme la marche, la natation ou le vélo stationnaire, sont généralement recommandées. L’intensité et la durée de l’exercice doivent être adaptées à chaque patient, en fonction de l’âge, de la forme de DAAT et de la présence éventuelle de complications comme l’emphysème ou la BPCO.

Il est crucial que les patients surveillent leurs symptômes pendant l’exercice. En cas d’essoufflement excessif, de douleurs thoraciques ou de fatigue inhabituelle, l’activité doit être interrompue. 

Le programme d’exercice doit être régulièrement réévalué et ajusté en fonction de l’évolution de la maladie et des progrès du patient.

Considérations spécifiques

Même les patients atteints d’emphysème avancé peuvent bénéficier de l’exercice, à condition que celui-ci soit soigneusement encadré, potentiellement dans le cadre d’un programme de réadaptation pulmonaire. Pour les patients sous traitement de substitution, l’activité physique peut être pratiquée normalement, mais il est important de discuter avec le médecin du meilleur moment pour pratiquer l’exercice par rapport aux injections d’alpha-1 antitrypsine.

Pour conclure voici un tableau qui résume les principaux points de cet article :

📝 Aspect💡 Détails
🧬 Cause génétiqueMutation du gène SERPINA1
🫁 Symptômes pulmonairesEmphysème, insuffisance respiratoire
🏋️‍♂️ Besoins énergétiques+20-30 % d’apport calorique
🍗 Protéines1,2 à 1,5 g/kg/jour, jusqu’à 2,2 g pour les sportifs
🥑 Lipides40 % d’apport énergétique total, oméga-3
🍞 Glucides45 % d’apport, favoriser les glucides complexes et éviter IG haut en dehors des phases d’effort ou de post effort
💊 MicronutrimentsVitamines D, C, E, zinc, sélénium, magnésium
🚱 PrécautionsÉviter alcool, tabac et environnements pollués

Sources :

1Dietary protein intake and human health par

Un article écrit par

Aymeric Mendez & Guillaume Lavastre

Guillaume et Aymeric sont les fondateurs de Protéalpes. Ils sont également des pharmaciens, passionnés de nutrition et de sport.

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