La créatine est un complément alimentaire reconnu efficace pour améliorer les performances physiques des athlètes. Utilisée en complément d’un programme d’entraînement adéquat, elle est sans risque pour la santé.
Pourtant, les fausses croyances sur ses effets demeurent avec, parmi elles, un risque au niveau capillaire. Est-ce que la créatine accélère la perte de cheveux ? Si l’idée subsiste, c’est à cause des niveaux augmentés supposés de DHT dans l’organisme, indirectement liés à la prise d’un supplément en créatine. Voyons ici comment la science a induit ce mythe et le rôle des différentes substances dans la chute des cheveux.
Sommaire
Comprendre la créatine : définition et fonction
La créatine, c’est quoi ?
La créatine (ou N-(aminoiminométhyl)-N-méthyl glycine en langage scientifique) est un composé azoté naturel non essentiel, qui provient de 2 sources distinctes.
D’abord, il est endogène, c’est-à-dire qu’il est synthétisé par le corps, dans le foie et les reins par l’intermédiaire d’acides aminés, à hauteur d’environ 1 g/j.
Ensuite, il est ingéré par l’alimentation en quantité similaire (1g/j), notamment par le biais de la viande et du poisson, car la créatine se concentre dans les muscles des animaux. Cela explique que les taux de créatine des personnes au régime alimentaire végétarien soient bas.
C’est aussi un complément alimentaire très populaire, utilisé dans une démarche sportive pour améliorer ses performances physiques.
À quoi sert la créatine ?
Elle sert à augmenter l’énergie du corps pour fournir des efforts brefs et intenses.
La majeure partie de la créatine se trouve stockée dans les muscles, sous forme de créatine ou de phosphorylcréatine. Elle joue un rôle dans la resynthèse de l’ATP, source d’énergie d’une cellule musculaire. Même si elle produit rapidement de l’énergie, elle a une faible capacité de stockage, suffisante pour 8 à 10 secondes d’effort maximal.
Les études¹ montrent qu’un supplément en créatine monohydrate :
- augmente de 15 à 40 % les concentrations de créatine et de phosphocréatine musculaires ;
- améliore la capacité d’exercice anaérobie (effort intense et court) ;
- augmente le volume d’entraînement.
En bref, elle a un effet sur les gains de force et de puissance. Elle permet indirectement la croissance de la masse musculaire, puisqu’elle donne plus de capacité d’ entraînement.
L’intérêt de se supplémenter est donc d’accroître ses réserves musculaires de créatine et de phosphorylcréatine pour optimiser ses performances lors d’exercices intenses.
Une petite quantité de créatine se trouve aussi dans le cerveau, où elle produit de l’énergie. Une supplémentation peut augmenter les niveaux de créatine cérébrale, mais le phénomène est moins marqué que dans les muscles. Côté bénéfices, la prise de créatine influence positivement le traitement cognitif et la réduction potentielle des dommages. Elle permet donc une meilleure récupération après un traumatisme crânien léger.
Les différentes formes de créatine
Le monohydrate de créatine est la forme la plus courante et la seule reconnue comme sûre et efficace au niveau scientifique. C’est une poudre blanche incorporée à un liquide ou à de la nourriture comme un yaourt, par exemple.
La créatine s’ingère immédiatement après son mélange, car elle se dégrade rapidement.
D’autres formes ont ensuite été créées : créatine anhydre, nitrate, ester éthylique, etc. Les fabricants avancent de meilleures propriétés physiques et chimiques, une biodisponibilité plus importante, etc.
Pourtant, le taux d’absorption de la créatine monohydrate est supérieur à 99 % et aucune autre forme de créatine ne peut avancer, avec appui scientifique, une meilleure biodisponibilité. D’ailleurs, l’étude de 2011, confirmée en 2022², précise qu’il n’y a pas de raison scientifique à prendre une autre forme que le monohydrate de créatine. Sa sécurité et son efficacité sont les seules clairement admises par la communauté scientifique et les autorités du monde entier.
En Europe, la créatine monohydrate est donc la seule à avoir reçu un avis positif de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
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Est-ce que la créatine accélère la perte de cheveux ? Ce que dit la science
La créatine influence-t-elle la production de DHT ?
Une étude de 2009 de Van der Merwe et al. sur des sujets rugbymen est au cœur du débat.
Elle conclut notamment sur l’observation d’une augmentation de 56 % de la concentration de dihydrotestostérone (DHT) après une supplémentation en créatine. La DHT ayant été reconnue contributrice à la pathogenèse de la calvitie³, le raccourci sur l’association créatine et chute de cheveux a été fait.
Pourtant, une étude de 2021⁴ sur les croyances autour de la créatine rappelle que :
- Les résultats de cette étude n’ont jamais été reproduits.
- L’augmentation du niveau de testostérone globale n’a pas été constatée dans cette étude de Van der Merwe.
- Le taux de DHT avant supplément était de 23 % plus faible dans le groupe qui a pris la créatine par rapport au groupe témoin, expliquant en partie l’augmentation observée.
- L’exercice en résistance peut induire une augmentation des hormones androgènes comme la DHT.
- 12 autres études réalisées sur les effets de la créatine sur la testostérone n’ont pas montré de changement significatif dans les taux.
Aucune étude aujourd’hui ne prouve donc qu’une prise de créatine augmente la testostérone totale, la DHT et provoque une perte de cheveux ⁴
La DHT est-elle responsable de l’alopécie ?
La calvitie, majoritairement retrouvée chez l’homme, est appelée alopécie dépendante aux androgènes.
Le problème de la maladie se situe au niveau du cycle de vie des cheveux, appelés follicules pileux terminaux (HF). Dans ces derniers, c’est la liaison entre la DHT et les récepteurs androgènes (AR) qui pose problème.
En temps normal, chaque follicule vit 10 à 30 cycles de régénération composés de trois phases :
- une phase de croissance (anagène) ;
- une phase d’involution (catagène) ;
- une phase de repos (télogène).
Ce système cyclique se situe à l’intérieur même du follicule, où se trouve la papille dermique (DP) considérée comme un centre de commandes. C’est de là que naissent les signaux pour alterner les trois phases du cycle de vie et pour réguler la formation du cheveu.
Dans la calvitie, la miniaturisation des cheveux est liée en partie à la trop grande densité de récepteurs androgènes (AR) dans les cellules du centre de commandes (DP), ce qui altère les fameux signaux.
La variabilité individuelle face à l’alopécie
Les facteurs génétiques en cause
Malheureusement, le taux d’hérédité chez l’homme de cette pathologie est de 80 %.
Les individus avec une prédisposition génétique à l’alopécie présentent en fait des DP avec une densité plus importante de récepteurs androgènes (AR) et une activité accrue de la 5α-reductase type 2.
Or la DHT se lie aux AR et se modifie sous l’action de la 5α-reductase type 2, perturbant les signalisations déclenchées dans le cycle capillaire.
Il faut aussi savoir que si l’altération des signaux est mise en évidence comme étant la principale cause de cette maladie :
1. Leurs mécanismes n’ont pas été clairement élucidés à ce jour et reste la plus grande préoccupation des chercheurs pour traiter la maladie.
2. La DHT, par sa relation avec les récepteurs AR, est reconnue coupable, mais n’est qu’un morceau de toute l’organisation systémique responsable de cette maladie.
3. Les facteurs de l’alopécie sont multiples avec parmi eux, une grande hérédité génétique.
Les autres causes de la perte de cheveux
Au-delà des prédispositions, d’autres facteurs interviennent dans l’alopécie :
- un stress sévère ;
- la prise de certaines substances comme la dexaméthasone ;
- les facteurs environnementaux comme la pollution ou l’exposition aux UV ;
- les habitudes de vie (tabac, sport et nutrition) ;
- le vieillissement.
Ces différentes origines influencent la transcription des gènes, qui provoquent des déséquilibres protéiques comme sur les androgènes.
Conclusion
Les fausses croyances au sujet des effets d’un supplément en créatine demeurent et parmi elles, un effet indésirable sur la chute de cheveux. Est-ce que la créatine accélère la perte de cheveux ? Il est tentant de croire que la substance aide à la prise de masse, donc développe plus de muscles et de testostérone. Cela pourrait augmenter les taux de DHT et favoriser la perte de cheveux, mais à ce jour, aucune étude ne le prouve. L’alopécie est une pathologie liée à un ensemble de causes interdépendantes et fonctionnant en synergie. Son mécanisme réside dans les signaux envoyés par le centre de commande à l’intérieur même du follicule pileux et à ce jour, il reste encore mystérieux. La dihydrotestostérone n’est qu’une partie du système de la calvitie qui est bien plus complexe. Voilà pourquoi on ne peut pas dire que la créatine accélère la chute de cheveux.
Sources :
