La créatinine, à différencier de la créatine, est un marqueur essentiel pour évaluer le bon fonctionnement des reins. Face à des symptômes comme une fatigue intense ou des douleurs musculaires, certaines personnes s’interrogent sur leur état de santé, notamment si leur dernière prise de sang indique un dosage élevé de créatinine. Quels sont les niveaux normaux et comment les interpréter ?
Entre les taux qui diffèrent chez les hommes et les femmes, mais aussi chez les adultes pratiquant le sport à haute intensité, on s’y perd. Avoir un taux en créatinine élevé n’est pas systématiquement mauvais signe.
On éclaire le sujet ici, mais cet article n’a pas vocation à poser un diagnostic à la place du médecin !
Créatine et créatinine dans le sang : des liens étroits
La première chose à savoir, c’est de distinguer la créatine de la créatinine avant de s’intéresser aux taux dans le sang.
La créatine, c’est quoi ?
C’est un dérivé d’acides aminés fabriqué par le corps, en partie. L’autre partie provient de l’alimentation riche en protéines animales, comme les viandes et poissons et/ou d’une supplémentation.
Le corps régule sa production endogène sur les apports alimentaires exogènes, pour garder une réserve constante, qu’on trouve d’ailleurs à 95 % dans les muscles.
Si le corps en a besoin, c’est parce qu’elle sert à fournir de l’énergie. Au départ de tout effort physique, le corps libère de l’adénosine triphosphate (qu’on appelle ATP) et pour la renouveler rapidement, les muscles utilisent la créatine.
Phosphorylée, elle est transformée en créatine phosphate (ou phosphocréatine) à 70% et c’est cette dégradation qui libère très rapidement de l’ATP. Le reste circule sous forme de créatine dite libre et sera éliminé dans les urines, après un passage dans le sang.
La créatinine dans l’organisme
La créatinine est un déchet chimique issu de la créatine¹ présente dans les muscles squelettiques.
Au plus la masse musculaire d’un individu est importante, au plus son taux de créatinine dans le sang est élevé.
Après un passage dans le sang, elle est filtrée puis éliminée via les urines, grâce à l’action des reins. On parle alors de filtration glomérulaire dont le débit peut être mesuré : c’est le DFG (pour Débit de Filtration Glomérulaire).
Pourquoi mesurer la créatinine ?
Le niveau de créatinine dans le sang, appelé aussi créatinine sérique ou créatininémie, est donc ce qu’on appelle un marqueur de la fonction rénale. Il reflète l’état des reins, pour montrer s’ils vont bien ou pas.
Par exemple, en cas de défaillance des reins à filtrer correctement la créatinine, le taux serait susceptible d’augmenter. Les personnes atteintes d’insuffisance rénale chronique ont généralement un DFG inférieur à 60 mL/min/1,73 m², ce qui correspond à une créatininémie élevée.
Cette créatininémie est une méthode simple et peu coûteuse pour avoir une idée du DFG, mais cette dernière est peu précise et le résultat peut être faussé par des états physiopathologiques particuliers (masse musculaire élevée, obésité…). Pour calculer le DFG d’une manière extrêmement précise, il est possible d’utiliser des méthodes de calcul directes, via ce qu’on appelle des radiopharmaceutiques exogènes, filtrés par les reins, dont on suit l’évolution de la concentration sanguine. Cette méthode est bien entendue plus contraignante, compliquée et coûteuse.
En bref, retenons que la créatinine n’a pas de fonction directe dans le corps. C’est un déchet issu de la créatine et c’est en médecine humaine un indicateur indirect et potentiellement imprécis (mais simple et rapide) de la santé rénale. Donc il est trop réducteur d’associer de manière systématique créatinine élevée dans le sang et pathologie rénale, même si, dans la majorité des cas, créatinine sanguine anormalement élevée = anomalie rénale.
L’influence de la créatine sur les niveaux de créatinine
Oui, la créatine augmente mécaniquement la concentration en créatinine du sang, mais elle n’est pas responsable de pathologie rénale pour autant.
Depuis des années, on entend beaucoup d’interrogations sur les possibles effets secondaires d’une cure de créatine au niveau des reins, notamment en phase de charge où le dosage est élevé². Pourtant, aucune recherche ne démontre de dysfonction rénale dont l’origine serait la supplémentation.
Il faut se souvenir que la quantité de créatinine découle de la quantité de créatine, qui elle-même est liée à la quantité de muscles. Au plus la masse musculaire est importante, au plus les taux de créatinine sont susceptibles d’être élevés.
La créatinine, qu’elle soit sanguine ou urinaire, augmente suite à l’ingestion de monohydrate de créatine ou d’aliments riche en créatine, comme les viandes². Elle est excrétée au niveau urinaire, et peut y atteindre des niveaux relativement élevés pendant la supplémentation (surtout en phase de charge). Également, plus de créatine au niveau musculaire signifie potentiellement plus de déchets liés à l’utilisation de cette créatine, et donc augmentation de la créatininémie. C’est de là qu’est née l’idée que si créatininémie et créatininurie augmentent, les reins pourraient subir une surcharge, causant des lésions rénales.
En réalité, ces taux élevés sont temporaires et en lien avec la cure, mais ne traduisent en rien une diminution de la fonction rénale.
De plus, une revue d’études sur la supplémentation en créatine démontre finalement l’absence d’augmentation de la créatinine sérique dans 12 études. 8 autres études montrent une augmentation dans les normes pour seulement 2 études qui soulignent une augmentation au-dessus des moyennes.
Le principe de précaution demeure quand il s’agit d’ingérer des compléments alimentaires. Pour autant, sur des milliers de cas et à travers plusieurs décennies, les recherches prouvent que la supplémentation en créatine est sans risque.
Deux conditions restent à remplir :
– qu’elle soit ingérée aux doses indiquées et chez des personnes en bonne santé et
– qu’elle soit effectivement pure et non contaminés par des produits indésirables (traçabilité et contrôle de la production)
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Taux de créatine dans le sang : quels sont les niveaux normaux ?
Des valeurs de référence selon le sexe et l’âge
Comme pour toutes les analyses sanguines, il existe des valeurs de références, appelées aussi normes, qui varient selon le genre.
Ainsi, le taux de créatinine dans le sang des hommes est compris entre 65 et 120 µmol/l, soit 7 à 13 mg/l. Chez les femmes, les moyennes se situent entre 50 et 100 µmol/l, ce qui correspond à un taux compris entre 6 et 11mg/l.
Chez les enfants, les valeurs diminuent, tout comme chez les personnes âgées.
Des variations dans les taux sanguins
La créatininémie est variable et elle diffère d’un individu à l’autre, même en l’absence de problèmes de dysfonction rénale¹.
Voici les critères influençant les taux de créatinine dans le sang :
– le sexe de l’individu ;
– son âge ;
– son ethnie ;
– son poids dont sa masse musculaire ;
– son régime alimentaire ;
– ses éventuelles pratiques de jeûnes.
Bref, beaucoup de paramètres sont à l’origine de ces variations des taux de créatinine dans le sang.
Pourquoi les taux de créatine dans le sang varient-ils ?
L’impact des facteurs physiologiques
La littérature scientifique prouve que l’exercice physique augmente de manière aiguë les concentrations de créatinine dans le sang³. La masse musculaire des sportifs étant plus développée, leurs taux de créatine et de créatinine dans le sang ont tendance à être supérieurs.
Cette élévation (physiologique et saine) perturbe aussi l’évaluation du débit de filtration dont on parlait plus haut (DFG).
Au-delà des muscles, le régime alimentaire entre en jeu. Les personnes végétariennes, végétaliennes auront des taux différents d’une personne au régime alimentaire riche en viande, par exemple.
Il en est de même pour des personnes qui consomment du monohydrate de créatine en cure par rapport aux personnes qui ne se supplémentent pas.
L’hydratation impacte aussi ces taux, puisqu’une déshydratation augmente la concentration du sang et altère la capacité des reins à filtrer⁴.
D’ailleurs, la filtration est le dernier point expliquant la variation des taux. Il se trouve que la créatine est éliminée par la filtration glomérulaire, mais aussi par ce qu’on appelle une sécrétion tubulaire. Or, cette dernière varie beaucoup d’une personne à l’autre ou sous l’influence de médicaments.
L’impact spécifique lié au vieillissement
Les personnes âgées sont sensibles à une diminution des niveaux de créatinine dans le sang. Cela s’explique par rapport aux muscles : l’existence d’une dégénérescence ou d’un déficit musculaire entraîne une baisse de créatinine. Inversement, une pathologie de lyse importante de la masse musculaire (fonte extrême et brusque = rhabdomyolyse) entraîne à court terme une augmentation de la créatinine liée au catabolisme musculaire.
Par exemple, la sarcopénie est une maladie liée à la vieillesse et caractérisée par la fonte musculaire progressive. Voilà pourquoi les personnes âgées sont susceptibles d’avoir des taux de créatinine plus bas.
Les causes pathologiques
Un taux de créatinine élevé dans le sang peut s’expliquer par différentes pathologies :
– des problèmes rénaux : insuffisance rénale, infection ou pyélonéphrite, néphropathie liée au diabète, etc. ;
– des problèmes de transport du flux sanguin vers les reins, comme l’insuffisance cardiaque congestive ;
– des problèmes urinaires, comme une obstruction des voies ;
– des pathologies musculaires, comme les myopathies ;
– des risques liés à la grossesse comme la prééclampsie.
À l’inverse, un faible taux de créatinine dans le sang peut s’expliquer par :
– une fonte musculaire, consécutive à une sarcopénie ou à une perte de poids importante ;
– un problème de nutrition ;
– des pathologies hépatiques.
En cas de doute ou de symptômes inhabituels, le premier réflexe est de consulter son médecin traitant pour qu’il prescrive les tests nécessaires afin de contrôler ces fameux taux.
Comment mesurer les niveaux de créatinine ?
Deux examens différents
Deux tests sont prescrits par le médecin en cas de doute sur les taux de créatinine dans le sang :
– la mesure de créatinine sérique par prélèvement de sang en laboratoire ;
– la mesure de la créatininurie par collecte, pendant 24 heures, des urines selon un protocole précis.
Ces analyses sanguines et urinaires sont réalisées pour évaluer ce qu’appelle la clairance directe de créatinine. Elle mesure la vitesse de filtration des reins par le rapport entre le débit d’élimination des reins et la concentration sanguine de créatinine.
Comme vu précédemment, il est également possible de mesurer le DFG via des radiopharmaceutiques exogènes, afin de calculer directement la capacité des reins à filtrer cette substance et donc à estimer le DFG.
Des résultats à interpréter
C’est le médecin qui interprète les résultats de ces tests pour décider d’un traitement ou non. Parfois, des recommandations diététiques couplées à de l’activité physique et un traitement peuvent suffire. En revanche, pour des pathologies plus graves comme l’insuffisance rénale sévère, les dialyses et même des greffes sont parfois à envisager.
Dans tous les cas, cette interprétation médicale dépend du contexte précis du patient, de ses symptômes, de ses antécédents, ses traitements, son alimentation, etc. Il est propre à chaque sujet et seul un médecin est habilité à le faire.
Conclusion
La créatine musculaire est métabolisée en créatinine, un déchet transporté dans le sang en vue d’être éliminé par les reins. Sa potentielle accumulation sanguine et donc son dosage sanguin donne ainsi un aperçu de la santé rénale et peut aider à cerner aussi le métabolisme musculaire du sujet. Il arrive d’observer des taux légèrement différents de la normale, mais il faut garder à l’esprit que ces variations dépendent de beaucoup de facteurs, comme l’âge, le sexe, la masse musculaire, ou encore le régime alimentaire. Des mesures élevées ne sont pas systématiquement le signe d’une affection rénale, tout comme un taux bas peut s’expliquer physiologiquement sans trouble associé. En cas de doute, seul un professionnel de santé peut interpréter les résultats, qui tiennent compte du contexte propre à la personne.
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